De l'encre et du papier

De l'encre et du papier

Amoureuse de l'amour

J'étais amoureuse de l'amour .

 

Dans la dépendance affective, je ne voyais l'autre que pour ce qu'il m'apportait. Incapable d'être dans la solitude amoureuse, j'avais besoin d'aimer et de l'être en retour.
J'ai compris depuis cette révélation, bien des choses.
J'étais dans cette dépendance depuis toujours . Elle venait de loin, de lui, de son absence. Je cherchais dans l'amour de l'autre cette part de lui qu'on m'avait retiré.
L'autre , les hommes de mon parcours n'avaient pas été nombreux mais en regardant chacun d'eux dans le souvenir que j'en avais, je le retrouvais lui.
Il nous avait quitté alors que je n'étais qu'une enfant et mes yeux de petite fille voyait en lui un géant. Je savais ses bras protecteurs et marquée par la sensation de mon petit corps serré contre lui comme une armure, j'ai cherché en d'autres hommes cette puissance empreinte dans ma chair.
Ils étaient tous bruns au yeux noirs, grands et forts. Il ne faisait aucun doute que j'avais chercher chez eux la force protectrice, la même que j'avais perdu enfant.
J'étais amoureuse de l'amour, l'amour d'un père, d'un bouclier contre toute attaque.
Ils n'ont pas été nombreux, quatre qui ont marqué ma vie de femme et pour eux j'ai eu envie d'aimer l'amour, pensant trouvé celui qu'il m'avait donné si peu d'années.
J'ai voulu le réconfort, l'affection, la tendresse que tout être aime avoir en grandissant. Mais une fois adulte, les enjeux sont différents, et j'ai du faire face à ce qui a le plus de mal à guérir l'âme, le chagrin d'amour. Le vrai, celui qui vous déchire le ventre, vous laisse à terre, vous donne envie de mourrir.
Trois gros chagrins car l'un de ces quatre hommes est devenu mon mari. Et la question qui se posait forcement, après avoir compris que j'étais amoureuse de l'amour, l'avais-je épousé pour les bonnes raisons ?
Il n'était pas facile d'en arriver à une telle réflexion après trente années de vie commune. Mais pour avancer et sortir d'un trou noir dans lequel je m'étais engouffré, je devais répondre à ça et pour ce faire, il me fallait revenir sur des pans de ma vie, si douloureux soient-ils.
Je ne pouvais pas comprendre certaines choses sans faire cette analyse profonde. Et si elle n'était pas vitale, elle était en tout cas nécessaire pour revenir à l'essentiel, me trouver.
Qui était la femme ? La petite fille était morte le 14 février 1972. À moi de le découvrir, de me découvrir en tant que femme .
Aimer l'amour de l'autre comme une nécessité ....la nécessité devient alors la dépendance. La peur de perdre l'affection, ce besoin dont vous ne pouvez vous passer. Mais quand est il de l'amour ? Aimer quoi, aimer qui ?
Pour le comprendre il faut vivre une expérience douloureuse, de celle qui vous détruit et qui met au jour la faille. Il faut en arriver à une souffrance si forte que pour en guérir, il faut une volonté plus forte encore. Il va alors falloir puiser on fond de soi pour aller chercher ce qui vous tenaille jour et nuit et l'extirper.
Vous prenez conscience que cette souffrance devient anormale quand elle dure des années. On doit alors réagir si on désire plus la vie que la mort. Mettre le processus de guérison en route, le vouloir plus que tout même si votre inconscient vous retient par la manche. Ne pas écouter la voix de gauche, mais la voix de droite. S'enlever la peur que la voix de gauche se taise à jamais, elle reviendra toujours vous parler de l'amour mais pour reprendre un chemin vers un amour véritable, il faut écouter la voix de droite, de la raison, car elle a les clés pour vous amener l'autre amour, celui qui ne vous fera pas souffrir, celui que vous n'aurez pas peur de perdre, celui qui ne vous fera pas dépendante mais aimante.
Être amoureuse de l'amour ce n'est pas aimer quelqu'un, c'est aimer quelque chose ...

 

Marie Buisson 



12/05/2016
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