De l'encre et du papier

De l'encre et du papier

PETITS EXTRAITS


Une de mes toutes premières histoires courtes sur l'inspiration d'une image ( début 2014 )

Jour après jour l'histoire s'effaçait, elle avait depuis plus d'un an encombré son esprit, elle n'était peut-être au fond qu'une illusion. Elle n'était plus certaine qu'elle avait existé , à vouloir tellement y croire, à s'en être oubliée. Les rideaux poussés lui renvoyaient un flou qui ressemblait étrangement aux souvenirs qu'elle gardait. Elle n'avait que rêvé , un songe qui s'était éternisé des mois, une parenthèse sur sa vie qui avait enterré tout autre projet, qui avait conduit ses journées, conditionné ses heures, ses nuits. Elle en avait oublié les autres, le temps qui passe et les saisons. Le vide avait suivi la rupture, le silence. Elle réalisait que rien ne pourrait faire qu'il revienne. L'histoire s'était éteinte sans connaître de véritable fin. En suspens, les mots restaient écrits sur une virgule, le point ne s'y accrocherait pas.
Le soleil se levait, la lune se couchait, mais le brouillard persistait. Un roman devait avoir un aboutissement, mais comme un écrivain en manque d'inspiration, il avait laissé le livre inachevé, pourquoi ? Elle n'en saurait jamais rien. Au matin de ce premier jour de l'année, elle avait décidé de tourner la page. En buvant son café, elle regardait la pièce qui s'était vidée la veille, ne laissant que ce fauteuil qu'elle n'emporterait pas, il portait trop de ce qu'elle avait vécu, lovée à taper sur le clavier de son ordinateur portable pour des discussions interminables avec lui quand il ne pouvait être avec , mais ces moments ensembles étaient rare alors elle ce contentait du virtuel
. Dans un instant elle fermerait la porte et sans se retourner, elle irait vers son destin qu'elle prenait enfin en main. Elle n'était pas mariée, n'avait pas d'enfants mais tel avait été son choix. Alors il était plus facile de partir quand aucune attache ne vous retenait. Elle avait trouvé un travail à Londres, une opportunité qu'elle n'avait pas voulu laisser passer. Quitter la France ne la dérangeait plus, il serait définitivement loin d'elle. Et puis cette ville ne lui était pas inconnue, la langue non plus. Elle ne s'inquiétait pas pour son adaptation, elle y avait des amis et ils l'attendaient.
C'est elle qui en fin de compte écrirait le mot fin. Bien sûr elle aurait préféré partir avec des réponses, mais les hommes sont lâches, elle le savait, ils préféraient la fuite plutôt que de prendre les décisions qui s'imposaient. C'est lui qui se rendrait malheureux à rester dans une vie qui ne lui convenait plus, marié à une femme qu'il n'aimait plus. L'argent, les enfants, une maison, un confort, pourquoi prendre des risques alors qu'il avait tout ça ? Sans l'amour mais la facilité peut-être de trouver à combler le manque dans des aventures passagères. Avec elle il n'avait rien vu venir, il était tombé amoureux et au lieu d'enfin se libérer de ses chaînes et vivre avec elle cette passion tombée du ciel, il avait eu peur, il avait coupé net sans même prendre le soin de la préparer à cette rupture. Du jour au lendemain, le choc fut rude. Mais tout ceci appartenait au passé. Elle avait fini de souffrir, de pleurer. Il avait fait un choix qui certainement le rendait encore plus malheureux. Elle, elle était libre, encore assez jeune pour entreprendre une nouvelle relation et lui resterait dans sa prison dorée. Un jour qui sait, il reviendrait vers elle avec des regrets et si ce jour-là se produisait, il serait trop tard car il était déjà trop tard aujourd'hui, son avion allait décoller dans quelques heures. Elle avait écrit elle-même le mot fin et ce serait sa plus grande fierté sur cette histoire enfin terminée .

 

Marie Buisson, de l'encre et du papier

Sur un tableau de Jack Vettriano .

 

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05/02/2016
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Celui là

Je lui dirai ce que je tais, je lui dirai que les mots n'existent pas dans ces cas là. Que le mal est fait et qu'on ne revient pas de cet endroit. 

Je lui montrerai à l'intérieur, les dégats, ce que son passage a détruit et ce qui ne se reconstruit pas. Il verra les morsures sur ma peau et les empreintes de ses gifles. Il regardera en face les blessures et les cicatrices.

Il n'était ni une tornade ni un typhon. Il n'était pas un lion. Au premier abord il avait l'air bon, sincère et droit . Mais ce n'était qu'au premier abord , la couche superficielle, celle qu'on a sous les yeux la première fois .

Et puis un jour la peau craquelle comme une longue sécheresse sur la terre, les fissures apparaissent . C'est ce jour là qu'on prend la première claque, mais on doute et on insiste, on lui sert un peu d'eau en éspérant réhydrater l'animal . Peine perdue ou espoir trop fort, l'entêtement devient stupide. La sous-couche est mauvaise . C'est irreversible, l'animal est homme et c'est celui que je découvre. Il est trop tard, le corps meurtri, le coeur atrophié, il me faudra des années pour guerir. 

Un homme animal n'a pas de conscience. Il ne regrette jamais, il recommencera toujours et encore. Les proies sont faciles, à portée de clics. 

Elles tomberont toujours dans le piège et les coups tomberont avec. 

L'homme animal est le prédateur et le croiser sera votre malheur.

je lui dirai .

-mais à qui ? Qui est ce lui ? Cet homme qui marche là bas ? 

-À celui qui te parle chaque jour, celui qui t'envoie des mots d'amour, celui que tu as croisé après moi, celui là même que tu reçois dans ton lit, celui que tu ne vois pas dessous encore ou que tu as vu mais que tu tais  ...celui là .

 

Marie Buisson 

 


22/01/2016
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