De l'encre et du papier

De l'encre et du papier

L'Histoire improvisée ( première partir )

 

Il y a si longtemps que ma peau n'a plus frissonné sous des caresses que j'ai fini par oublier qu'un jour des mains m'ont effleuré. Je ne me souviens plus du goût qu'avait le baiser. Comment pouvait-on ne plus se souvenir des choses les plus douces ? La solitude sentimentale était ma compagne depuis de nombreuses années. J'avais décidé de ne plus aimer depuis lui.
Quelle raison avais-je pour m'infliger une telle punition ? Et bien aussi étrange que cela puisse être, c'était un souhait depuis longtemps de vivre dans cette solitude, de devenir ermite au milieu de la ville, de me sentir seule dans la foule, un vide, une trouée dans une marée humaine. Une expérience faite en fin de compte dans la douleur. Il est vrai que j'avais du mal depuis toujours à me trouver au milieu du monde et une rupture était le prétexte parfait pour m'isoler mais d'en souffrir n'était pas dans le projet. Je me suis jetée dans mon chagrin et j'en ai fait ma protection, mon cocon. Je me suis fermée à tout. Je ne sentais plus l'oppression dans le métro, je n'entendais plus le brouhaha dans les magasins bondés, je m'isolais psychologiquement des gens et du bruit. Puis peu à peu, j'ai diminué mes besoins et par le fait, diminué mes obligations à sortir. Les premiers temps j'ai ressentis du bien être et je suis rentrée dans la routine de ma solitude volontaire.
Les années ont passées, je les ai occupé à écrire et à me reconstruire jusqu'au
jour funeste . Ce terrible instant où mon coeur décida de partir avec lui, ce moment ou sa mort s'est écrite sur mon écran.
À cette époque, twitter et facebook faisaient partis de nos principales sources d'information. Le monde tournait vite et on tournait avec lui, un peu trop vite si bien qu'on survolait sans prendre le temps d'un arrêt. Nous avions adopté ces réseaux si bien qu'ils pouvaient nous rendre addictes. Nos amis virtuelles étaient devenus de vrais amis sans qu'on se rende compte que l'écran nous cachait la vérité. Il n'y avait pas d'amis mais un besoin de s'en faire sans aucune obligation morale comme nous en avions pour ceux de notre réalité. On pouvait facilement trahir puisqu'après tout, on ne se connaissait pas vraiment et puis on risquait quoi puisque nous étions protégés par la distance. Bien-sur ils en étaient qui devenaient au fil du temps de vrais amis, on finissait par se rencontrer et s'apprécier tout autant voir plus encore, mais cela restait exceptionnel. Cette époque des réseaux fut l'occasion de travailler sur moi, d'évoluer sur mes faiblesses et de travailler sur mes difficultés à être avec les autres. Une 15 aine d'années à voir passer des personnes différentes sur mon profil, à les connaitre, et à les oublier. Je n'ai gardé contact avec personne le jour où j'ai mis un tour de clé à ce monde virtuel. Le jour où j'ai décidé de m'éloigner des humains réels, virtuels et des infos destructrices.
J'ai appris sa disparition et dans la minute qui a suivi le choc, j'ai disparu de la circulation. Et voilà comment j'ai mis à mort de façon catégorique ma vie sociale et sentimentale, si il était mort physiquement alors je le serai socialement. Ce qui était déjà le cas depuis la rupture de toute façon.
Apprendre la mort d'un être qu'on aime c'est d'une cruauté inouïe et de l'apprendre d'une façon aussi impersonnelle et froide, c'est un coup de poing dans les tripes. Lire son décès m'a laissé figée de longues minutes, il y aurait pu avoir une tempête, un tremblement de terre, je n'aurais pas réagit. J'ai pris le choc en plein figure et à cet instant j'ai réalisé l'ampleur des dégats. Je venais de prendre conscience que nous avions confié nos sentiments à une machine, à un réseau.
J'étais devant mon écran sans réaction, j'ai regardé une dernière fois son image, sa dernière photo de profil. Je suis allée dans mes paramètres et lancée la procédure de fermeture de mon compte. J'ai fait tous ces gestes comme un automate. J'ai fermé ma tablette.
Je me suis dirigée vers mon dressing, j'ai attrapé ma valise, je l'ai remplis sans réfléchir d'un jean, de pulls, sous vêtements et ma trousse de toilette. J'avais le necessaire, ma carte bancaire comblerait les oublies si toutefois il y en avait, mais à l'instant mon seul objectif était de partir, loin. En même temps je ne partais pas au hasard, je savais exactement où je voulais me retrouver. J'avais le plein, il ne manquait rien, et rien ne me retenait, je pouvais attraper les clés fermer la porte et partir.
Je suis partie le 14 novembre 2018, j'ai tout laissé derrière moi. Je ne possédais rien d'autre qu'un 3 pièces dans le centre de Chambery. Je travaillais de façon indépendante et en free lance depuis que j'avais hérité de mon père. Je n'avais plus de contrainte d'argent, la fortune qu'il m'avait laissé, me mettait à l'abris jusqu'à la fin de mes jours. Je n'avais jamais eu non plus de gros besoins. Aucune attache, ni mariée ni maman, une famille que je n'avais jamais fréquentée. Fille unique, mon père était mon seul ancrage à cette ville. Il avait quitté ce monde depuis 6 ans, une crise cardiaque et un vide immense dans mon univers.
Je comptais quelques amitiés, deux couples d'amis fidèles et mon amie d'enfance. Le reste de mes fréquentations étaient superficielles. Alors partir ne ferait de peine à personne. Mes amis auraient de mes nouvelles dans quelques temps et c'était suffisant pour ne pas les inquiéter.
J'ai pris la route et absorbé les kilomètres sans penser à rien. D'un péage à l'autre, les autoroutes ont défilé. De l'A43 à l'A89 jusqu'à Bordeaux, trois pauses et 7 heures plus tard j'étais à Gujan. Au panneau de la ville " Gujan Mestra ", mon coeur se remplissait d'un bonheur immense à chaque fois. Depuis mon enfance, c'est ici que j'ai passé la plupart de mes vacances. Je passais le panneau et j'avais l'impression de jeter à ses pieds tout le poids de ce qui pouvait m'encombrer l'esprit , de rentrer dans la ville délestée de mes tracas, légère et le sourire accroché aux lèvres, je devenais à nouveau une petite fille. Mais cette fois, en dépassant ce fameux panneaux, c'est des larmes que j'ai délesté. Des sanglots retenus qui me serraient la gorge depuis des heures.
J'ai pris la direction du petit port de la hume, les yeux dans un méchant brouillard. J'ai garé ma voiture près de la plage au bout du port. Et là face au bassin, j'ai laissé éclaté mon chagrin .
Re re re suite ..

Je me suis endormie avec mes larmes. Le froid et la lumière du matin m'ont levé de mon sommeil. J'ai pris quelques minutes pour réaliser où j'étais et qui j'étais. Mes yeux avaient du mal à s'ouvrir entièrement, je sentais leur lourdeur, certainement gonflés d'avoir tant pleuré. Un peu collés aussi, le brouillard ne s'était pas complètement dissipé de ma vue.
Le temps de reprendre mes esprits, j'ai redémarré la voiture et pris la direction de la maison. Elle se trouvait dans un petit quartier pavillonnaire de Gujan. Une maison typique du bassin, basse et blanche avec une petite dépendance que mon père avait fait construire pour moi en cadeau pour mes 18 ans. Une maisonnette de poupée grandeur nature.
En novembre, le temps était déjà loin des beaux jours, mais le ciel ce matin semblait dégagé. J'ai ouvert tous les volets, laissé un peu la fraicheur entrer pour assainir l'atmosphère. Je n'étais pas venue depuis le mois de juin. Elle avait été occupée une grande partie de l'été par mes amis et collègues de confiance. Je la laissais avec plaisir pendant cette grande période de vacances. Le bassin attirait toujours plus de monde et les locations devenaient hors de prix. N'ayant de mon côté aucune obligation familiale, j'évitais donc cette grosse période et laissais la place à ceux qui avaient des enfants. La maison pouvait ainsi vivre quelques mois avant de rester endormie de plus ou moins longues . Je ne programmais jamais mes venues sur le bassin. J'avais un temps libre en fonction de mes envies. Mon travail etait en fait plus une passion, je travaillais chez moi. Travailler était un bien grand mot, j'écrivais. Je n'étais pas romancière, je n'étais pas un auteur à succès. J'écrivais pour les autres. Je mettais ma plume et mon talent au services des gens. Je fonctionnais avec les commandes, tantôt des particuliers qui désiraient mettre leur vie en mots, d'autres voulaient de l'aide a la rédaction d'une belle lettre à destination d'un être cher et plus tristement parfois, c'était la demande d'une dernière lettre comme un testament. On me demandait d'ecrire des poèmes pour des personnes disparues et puis il y avait aussi la rédaction plus ludique de comptines pour enfants. Une passion.
Voilà pourquoi il m'avait été facile de partir. C'est vrai que c'était une chance d'avoir son métier transportable dans une valise. De n'avoir aucun problème d'argent, de posséder un héritage parental comséquent. C'est vrai et en regardant dehors, la maisonnette baptisée de mon prénom, encore fermée, je contemplais l'ampleur de ma chance. Mais chance faisait-elle réellement le bonheur ? Difficile de vous dire que non, parce que du bonheur j'en avais eu, je l'avais connu. Avec mes parents d'abord, aimants comme on ne peut rêver plus, même si maman nous avait quitté trop tôt, elle avait pendant les 15 premières années de ma vie, su me donner tout ce qu'il fallait pour affronter l'âge adolescent . Elle m'a laissé tant d'amour. Quand la maladie a décidé pour nous qu'il était tant qu'elle nous quitte, j'avais tout cet amour en réserve et 15 ans.
Avec mon père nous avons fait front. Il a poursuivit l'oeuvre de ma mère, il a continué à me distiller cet amour sans modération. Oui je connaissais le bonheur car je connaissais l'amour.
J'ai passé le reste de la journée à m'installer. Mon vélo toujours prêt, je suis sortie faire quelques courses; en cet saison c'était calme, ni bouchon, ni foule à la supérette. En vélo je pouvais circuler même en dehors des pistes réservées sans trop de risques. Le bassin retrouvait le calme et les autochtones, le rythme lent des marées. Les ostréiculteurs préparaient les fêtes dans une belle euphorie, ce métier était le poumon arcachonnais. Il faisait vivre des centaines de familles. L'ostréiculteur était femme ou homme de passion, pour le travail, pour le bassin. Un métier qui se transmettait de générations en générations la plupart du temps. Difficile, laborieux, soumis aux aléas du temps, des marées, des tests de la petites souris qui pouvaient anéantir une saison.
Les touristes pouvaient trouver en plein été, les cabanes fermées et les huitres interdites à la vente. Une catastrophe. Ces interdictions mettaient en péril une partie de l'économie sur ce petit territoire, qui vivait non seulement du tourisme mais aussi de ce trésor de la mer qu'était l'huitre.
Revenue des courses, je me posais enfin quelques instants. La journée s'achevait et je réalisais que je n'avais pas pensé à lui une seule seconde. J'étais épuisée. Mon arrivée tardive la vieille, la route encore imprimée dans mes jambes lourdes et la première journée occupée à m'installer, c'est tout juste si j'avais eu le temps de respirer. Non seulement je n'avais eu de pensées pour lui mais je n'avais pas non plus respirer à plein poumons, l'air du bassin. Il était 18h15, pas encore l'heure de s'attabler et encore moins l'heure de se coucher. Entre 18h et 19h c'était pour moi, une heure vide, creuse.
À la maison je n'allumais jamais la télé avant 20h30. Mon repas était toujours prêt du matin, je ne cuisinais qu'une seule fois pour le midi et le soir. Le matin, une fois mes tâches domestiques terminées, il sonnait 11h bien souvent. Je n'avais aucun horaire en contrainte, mes obligations s'arrêtaient à remplir mes commandes et je m'organisais de telle sorte à ne pas être debordée. Écrire demandait de la concentration et du calme surtout. Mes tâches terminées et quelque soit l'heure, je m'installais dans mon fauteuil avec ma tablette. Un fauteuil, style anglais, confortable, que j'avais depuis une trentaine d'années Le tissus démodé, aux couleurs verts et jaune ternes, tranchait avec les tons du reste de la pièce. J'aurais pu le faire re-tapisser mais je m'étais contentée de cacher son usure par un grand fouta aux tons plus en harmonie avec le reste. Mes jambes allongées sur un pouf d'apoint, ma tablette posée sur les cuisse , j'étais prête à écrire. Il ne me fallait rien d'autre. Un peu de musique en fond sonore, j'entrais dans ma bulle.

18h15 à la pendule, dehors la nuit était déjà là, le changement d'heure une 15 aine de jours auparavant, nous plongeait dans la sombritude dès 17h. Il fallait s'en accommoder jusqu'en janvier, que le jour commence de nouveau à trainer un peu sur la fin d'après midi. De plus beaucoup de communes avaient, depuis quelques années, réduit l'éclairage public, ce qui apportait non seulement des économies mais aussi un bienfait pour le sommeil, je l'avais noté. On n'imaginait pas à quel point ce flot lumineux permanent, était nuisible. Nous vivions dans la lumière en permanence sans le réaliser vraiment. La lumière naturelle et ensuite artificielle, en ville, ne laissait aucun répit. Le noir complet était pourtant bénefique, reposant. En étant un peut retiré du centre, on pouvait de nouveau apercevoir la voute céleste et quelques étoiles, pas de façon limpide et dégagée mais c'était mieux.
Gujan n'avait pas échappé à cette mesure, surtout depuis que le gouvernement avait décidé de mettre en place la disparition de la taxe d'habitation, mesure devenue effective par une baisse progressive en cette année 2018 justement. Mon vélo était équipé de lumières et de reflecteurs. Je n'avais plus qu'à mettre mon gilet de sécurité et partir pour une promenade jusqu'au port. Prendre l'air, respirer l'embrun, l'iode et sentir au plus près les effets de la marée. Il me fallait emmagasiner du bien-être pour affronter la deuxième nuit qui, je le sentais, allait me causer des soucis. Je n'étais pas du style à cogiter et le sommeil me venait toujours facilement. Un peu de pratique de la sophrologie et de cours de yoga me donnaient de la facilité pour m'endormir sereine. C'est pour ça que je pouvais sentir la mauvaise nuit arriver, c'était inhabituel, alors je connaissais parfaitement les symptômes avant coureurs. Je n'y échapperai pas mais pour autant, je ne me privais pas d'une bouffer d'oxygène. Elle serait de toute façon, bénéfique quoi qu'il en soit.

Équipée de vêtements chauds et de mon gilet fluo très saillant, un bonnet de laine sur la tête et une écharpe prise au hasard ( ces dernières feront l'objet d'une autre parenthèse ), j'enfourchais mon vélo et me mis en route vers le port. Il n'y avait presque plus de circulation, c'était plutôt calme, le centre était un peu mieux éclairé et la présence des commerces donnaient l'impression de vie. Cela contrastait tellement avec la foule de l'été, qu'on aurait pu croire que le Bassin était habité de fantômes pendant la saison d'hiver. Ce qui était faux bien sur, le Bassin vivait toute l'année comme n'importe quel endroit, la vie reprenait un rythme normal et heureusement. Un lieu tout comme un être vivant, avait besoin de retrouver des périodes de repos, de calme pour qu'il reste respirable et surtout protégé. Le Bassin d'Arcachon connaissait depuis une dizaine d'années un succès grandissant. À la suite du film " les petits mouchoirs", les réservations avaient été boostées , et depuis l'ouverture en 2017 de la ligne à grande vitesse Paris / Bordeaux, il était arrivé à saturation. Le tourisme faisait vivre beaucoup de monde, il devenait même le poumon économique devançant l'ostréiculture. Les communes ont du rapidement faire face à cet afflux. Protéger tout en augmentant les capacités d'accueil. Élargir les infrastructures routières sur un sol sablonneux , en évitant les zones naturelles à l'écosystème fragile. Un pari pas toujours gagnant à voir la zone commerciale qui s'était développée de façon démesurée sur la commune de la Teste.
J'ai assisté à cette évolution depuis toute petite. Mon père avait hérité de la maison. Petit, avec ses parents, originaires de Bordeaux, il venait passer ses vacances à Gujan. Mon grand-père avait eu l'opportunité d'acheter un bout de terrain. Au départ la maison tenait plus du cabanon et puis au fil des ans et de l'argent disponible, elle a fini par devenir une habitation solide, avec le confort moderne. Mon père avait fini de lui apporter tout ce dont il fallait pour pouvoir y vivre toute l'année. Même si il n'a jamais eu l'intention de revenir s'installer dans sa région d'origine, il voulait pouvoir profiter de Gujan, en toutes saisons.
Gujan Mestra avait aussi une particularité, c'était la ville aux sept ports. Le port de la Hume restait mon favoris, celui ou je me rendais, le port de Meyran, était juste après et plus proche de la maison . À l'entrée, je posais mon vélo et décidais de poursuivre à pieds. Il restait allumé tout comme le centre ville, c'était une nécessité pour les ostréiculteurs. Je me mis à marcher lentement avec tous mes souvenirs en tête. Eux et moi avancions vers le bout de la jetée.

Mes souvenirs affluaient depuis mon départ. Je les laissais venir sans lutter. Cela me permettait de ne pas penser à lui. Il m'avait fallu si longtemps pour le sortir de mon coeur, de mon cerveau, de ma peau, de ma vie, que j'avais peur de devoir tout reprendre à zéro. Sa mort m'avait sauté au visage. Elle était là écrite noir sur blanc, dans le fil continue de l'info qui défilait sur mon fil d'actu. J'avais oublié que j'étais abonnée à la page de son club ; je n'avais plus reçu de publications de cette dernière depuis longtemps. Quand j'ai déroulé comme d'habitude, le flot des publications et que son visage est apparu sur mon écran, j'allais si vite qu'il m'a fallu revenir en arrière pour m'arrêter dessus. Sur l'instant ce fut la surprise de voir son visage, il avait changé, il avait vieilli, il avait grossi. Les yeux rivé sur lui, je me surprenais à le trouver moche sur cette image. J'en souris, j'étais même ravie d'avoir un recul sur son physique. Comment était-il possible que ce même homme m'avait fait vibrer quelques années plus tôt ? Étrange sensation . J'ai levé les yeux de l'image pour lire l'article qui devait en toute logique le concerner, et là, stupeur ! "C'est avec une immense tristesse que nous vous informons du décès de notre ami Albert. "
Sa photo, son nom, sa mort. Douleur brutale. Stupeur.

J'avançais sur le port, me retenant de courir et d'hurler. Mes jambes commençaient à ne plus vouloir m'aider, je sentais qu'elles allaient se derober, j'ai du lutter pour continuer d'avancer, de ne pas tomber. Dans ma tête sa photo se superposait à son prénom, augmentant mon souffle et les battements de mon coeur. Je prenais des coup de poings dans le ventre et je me tenais difficilement droite, mais je devais tenir, je n'allais pas m'effondrer, pas maintenant , pas ici.
J'ai repris ma respiration profondément en levant la tête vers le ciel étoilé avec une volonté telle que même mes larmes sont restées aux bords de mes yeux. Il n'avais plus le droit de me faire pleurer, je me l'étais juré.
Il y avait tout juste un an que j'avais fini de me guérir de lui. Il avait laissé une si grande blessure, que j'avais mis 5 ans de soins et de thérapie pour cicatriser, pour retrouver une vie normale. Pour accepter surtout que j'avais été victime d'un être égoïste, incapable d'aimer plus que lui même, un manipulateur égocentrique. Le genre d'homme qui peut détruire sans avoir le moindre scrupule, ni regrets. Le genre d'homme trop fier, trop sur de lui. Un homme sûr de son charisme, qui plaisait aux femmes, qui avait besoin de plaire aux femmes et c'était bien là son problème. Son besoin, le sien, il devait le satisfaire quitte à détruire.
Il m'en coutait de faire une description aussi affreuse d'un homme que j'avais profondément aimé et dont je venais d'apprendre la mort, ce 14 novembre, drôle de coïncidence.

Je me suis reprise. Au bout du port, la nuit était tombée sur le Bassin, je n'entendais que le bruit de l'eau, des petits clapotis provoqués par la marée montante. Au loin j'apercevais les lumières d'Andernos et de Lanton. Je connaissais moins ce côté là, Andernos était pourtant une jolie petite ville, qui avait connu ces dernières années un formidable embellissement De sa rue principale très commerçante, avec un parc où les branches des pins jouaient les équilibristes. Le parc louis David, sur lequel se trouve une superbe demeure du même nom. Maire de la ville au début des années 1900, il avait fait bâtir cette imposante villa, restée à l'abandon après sa mort , elle avait été restaurée depuis pour lui octroyer le rôle de maison culturelle. Un patrimoine qu'il était judicieux de préserver. Ces maisons arcachonnaises imposaient un style unique, fait de plusieurs toits en forme de chapeaux pointus à larges bords, d'un mélange de pierre et de briques, aux façades qui empruntaient au style coloniale, agrémentées de nombreuses ouvertures et de balcons. La villa arcachonnaise semblait nous inviter aux joies des vacances, à une villégiature sereine. On pouvait facilement imaginer une vie familiale du début du 20ème siècle et en fermant les yeux,entendre les enfants jouer dans les parcs entourants ces belles demeures. Le charme unique d'une maison où il faisait bon vivre. Nul part ailleurs je n'ai vu de maisons plus jolies, elles étaient clairement pour moi, les plus élégantes. Et pour admirer cette architecture, le mieux était de se rendre dans la ville d'hiver d'Arcachon.
Où en étais-je ? Ah oui, Andernos Et de ce parc à cette rue principale où on débouchait sur la place Gambetta. Place des cafés, du petit manège aux chevaux de bois et de son exceptionnelle jetée. Plus longue de France avec ses 232 mètres, elle fut construite en 1926 sous la municipalité de Louis David, encore ce monsieur, il aura décidément laissé de belles traces de son mandat à cette ville. À la nuit tombée, il était extraordinaire de s'avancer sur la jetée et d'admirer dans tout son ensemble, les lumières du Bassin. Il n'y a que de cet endroit où on pouvait, à mon avis, se rendre compte de l'extraordinaire étendue du Bassin d'Arcachon. Mon amour pour ce lieu était infini et il m'était difficile de ne pas manquer d'objectivité en vous le décrivant. Quand j'ai commencé cette écriture, mon but était de mettre en mot cette histoire douloureuse vécue quelques années plutôt. Mais chemin faisant, je me rendais compte que j'avais plus envie de vous parler du Bassin que de lui. L'amour pour ce lieu ne subira jamais la trahison. Il méritait certainement plus que quiconque d'avoir l'honneur d'un livre. L'homme lui, était trop souvent indigne de l'amour qu'un autre pouvait lui porter. La nature, un lieu, un arbre, une maison restaient fidèles, et leur donner une parole, leur rendre un hommage, leur offrir des mots sur des pages vierges, était une façon de les faire vivre dans l'éternité d'un livre et d'une histoire.
Au plus j'avançais dans mon récit, au plus il s'éloignait, il était fantôme depuis 10 ans car bien avant sa mort réelle il était était mort pour moi le jour de notre rupture, le jour où la trahison avait à jamais gravée son nom sur la stèle des infidèles, des stériles de l'amour.

Je repartis à pas lents. repris ma bicyclette et je me remis en route en marchant à ses côté. Je n'avais aucune envie de me presser. Il faisait nuit mais l'air restait assez doux. En étant suffisamment couvert, cela restait tout à fait supportable et même agréable. La température devait avoisiner les 8°. Je rentrais par la piste cyclable, il n'y avait pas grand monde à l'emprunter en cette saison. Je pensais en marchant, à mon programme du lendemain. J'hésitais entre une grosse ballade le long du sentier du littoral ou bien une visite à la dune qui était depuis les vacances de la Toussaints, privée d'escaliers. En effet, ces derniers étaient retirés pour l'hiver afin de ne pas être ensablés. L'ascension de ce fait, devenait plus ardue. Et à 58 ans, il me fallait fournir plus d'efforts pour m'attaquer à la monter par le sable uniquement.
Le sentier du littoral faisait le tour du Bassin tout comme les pistes cyclables. Il traversait des prés salés, passait par les petits ports, longeait la côte sauvage du domaine de Certes, revenait dans des zones plus urbanisée quand on le prenait à partir de Lanton jusqu'à Andernos. Au delà, je ne l'avais jamais exploré. De Ares jusqu'au Cap Ferret, mes visites sur cette partie du Bassin étaient rares, de ce fait je le connaissais très peu. Je faisais parfois la traversée Arcachon/Ferret en bateau avec mon vélo, seulement aux périodes chaudes. L'occasion de voir la dune de loin, de visiter encore et encore le petit village de l'herbe puis continuer pour manger quelques huitres entre le Canon et Piraillan. En résumé, de ce côté là, je me sentais plus étrangère, plus touriste que côté Arcachon et en fin de compte ça n'était pas pour me déplaire, je trouvais même agréable de me sentir vraiment vacancière de ce bord là du Bassin.
J'arrivais à la maison et la faim commençait à taper aux portes de mon estomac. Il était 20h30, plus de deux heures que j'étais partie, je n'avais pas eu l'impression que ma sortie avait autant durée. Il faisait bon dans la maison, je pris d'abord une douche pour finir de me réchauffer. Mon plateau repas fut vite prêt, un bol de chocolat chaud et des tartines de crème de châtaignes au pain de seigle. Il m'arrivait souvent de manger ainsi les soirs de mauvais temps, souvenir d'enfance. J'ai allumé la télé histoire d'avoir une compagnie le temps de manger. Ensuite, je me suis mise à travailler un peu, j'avais besoin d'écrire et de me sortir de l'esprit son image toujours présente. J'avais une commande à terminer, une grand-mère qui voulait que je lui écrive une poésie pour chacun de ses petits enfants, elle en avait cinq. J'avais des informations précises, avec les particularités et le caractère des enfants, elle m'avait également décrit sa relation avec eux. J'avais en notes tout les éléments pour que chaque poésies s'adresse bien à l'enfant concerné. Un travail d'écriture qui me remplissait d'émotions. Beaucoup de tendresse, de couleurs et d'amour à choisir pour peindre des mots qu'une mamie voulait laisser pour dire son affection à sa petite descendance.
Qu'est-ce qui peut avoir plus de valeur que l'amour à laisser dans le coffre, en héritage.

Je m'étais couchée sur les mots de cinq douces poésies, écrites dans le calme d'une maison dans laquelle je me sentais toujours un peu une enfant. Au réveil, j'étais encore imprégnée de la sérénité qui m'avait enveloppé avant de m'endormir. J'étais bien et attablée devant mon bol de chicorée, pour une fois je ne pensais à rien, un sourire béa affiché sur ma figure. Dehors le temps était encore dans le brouillard, la météo avait annoncé une journée mitigée entre brume et bruine, le ciel resterait bas, "il faut bien que les saisons se fassent ", la voix de ma grand-mère résonnait encore dans les murs. Comme résonnaient tous ces pans de vie passée auprès d'eux. Le coeur de la maison battait de leurs âmes. Ils m'avaient quittés les uns après les autres, mais je sentais toujours leurs présences ici, ce qui me rassurait. Je me trouvais seule et à la fois entourée, car ici pour moi, ils reposaient à jamais. La maison avait leurs odeurs incrustées dans sa pierre, il aurait fallu la détruire pour effacer à jamais son histoire.
J'ai annulé ma visite à la dune et même ma ballade sur le sentier. La météo avait décidé de rester sur les tons gris pour la journée. De toute façon, il fallait que je me résolve à appeler mes amis, je n'avais donné, en guise de nouvelles qu'un simple SMS les prévenant que je partais me reposer quelques temps au Bassin et qu'ils ne s'inquiètent pas, tout allait bien. Je devais également transférer mon adresse principale ici et organiser le déménagement de mes affaires, ainsi que le côté administratif et rébarbatif d'un changement de domicile.
Je savais qu'il faudrait repartir pour tout régler. Faire les cartons de mes livres, papiers et vêtements et prévoir l'expédition. Pour ce qui était du reste, je n'avais besoin de rien, le nécessaire je l'avais déjà ici pour être confortablement installer. La seule chose peut-être, qui aurait pu manquer au mobilier, était mon fauteuil mais j'avais décidé d'en acheter un autre complètement différent, une façon de tourner encore une page. En y songeant, j'avais souri, je me disais que d'écrire lover dans un autre fauteuil, je m'attellerais enfin à ce roman que je remettais toujours à plus tard. Je me prenais à rêver d'être un auteur à succès et d'un sourire j'avais éclater de rire.
Je devais, avant toute chose, faire installer une ligne internet, d'ailleurs j'allais commencer par ça. Mon forfait téléphone pouvait dépanner mais pour travailler confortablement, il m'était impératif d'avoir mon mac et ma tablette connectés indépendamment à une box.
Écrire ne s'improvisait pas toujours surtout pour les autres, des recherches étaient nécessaires, ainsi que les corrections et toutes les subtilités de la langue française qu'il était impossible de connaitre par coeur. Tout ce travail laborieux aujourd'hui se réalisait grâce à internet pour moi en tout cas. Écrire était une chose, le faire dans un cadre plus professionnel me demandait , en revanche, d'être plus carrée et de faire le moins d'erreurs possible tout en gardant mon style. J'avais une rigueur que je ne m'autorisais pas quand l'écriture restait pour mon plaisir personnel. Si dans mes textes un mot considéré comme grossier pouvait s'immiscer, je ne pouvais pas me le permettre pour un texte commandé.

Je commençais par appeler mon amie Annie, Sophie ne serait pas joignable avant 16h. Je lui expliquais enfin les raisons de mon départ précipité. Et puis ma décision de m'installer à Gujan. Elle encaissa la nouvelle avec un silence. Elle savait que ce jour arriverait. J'avais souvent évoqué mon souhait d'y passer la dernière ligne droite de ma vie. Je ne m'étais fixé une année précise, ni un âge auquel je partirais définitivement. Ce moment s'était présenté de lui même et c'était très bien ainsi. Moi qui n'aimait pas programmer les choses, cela me convenait parfaitement. Elle me connaissait et Elle comprenait ma decision. Elle m'avait vu souffrir à cause de cet homme, supporté aussi, beaucoup et heureusement. Je me suis relevée grâce au soutien de mes amis fidèles. Ils n'ont jamais failli à l'amitié qui nous lie depuis longtemps.
Nous avons discuté une belle heure. Elle avait les clés de l'appartement au cas où, je n'avait ni chat, ni poisson rouge à nourrir. Mes plantes étaient arrosées pour quelques jours et avaient une réserve chacune. Tout pouvait attendre. Je me donnais une grosse quinzaine pour prendre le temps de me poser et me préparer soigneusement à vivre définitivement près de la Dune.
Je n'avais aucune appréhension. Je n'étais pas en terre étrangère. Bien au contraire, je sentais que j'allais enfin ici et pas ailleurs, pouvoir reconstruire quelque chose. Retrouver une vie sociale, rencontrer des gens, sortir de ma tanière. M'inscrire dans un club de sport, un club de rando vélo, me rapprocher de la médiathèque d'Arcachon ainsi que des services de la petite enfance pour proposer mon travail d'écriture et de lecture de comptines auprès des crèches et des RAM. J'avais également en projet des ateliers de travaux d'écriture ludique pour enfants hospitalisés ou en difficulté.
Je me sentais pleine de ressources ce matin, comme si le Bassin et ses marées m'avaient hier soir, gonflée d'une énergie inépuisable. Que c'était bon de respirer, d'être vivante, le monde était à mes pieds, je disais enfin merde à mon chagrin. Qu'elle idiote, je l'avais installé en moi avec un bail à perpétuité, en me faisant croire que je n'aurai plus le droit de l'expulser.
Il était mort et avec lui s'en était allé la blessure. La cicatrice allait pouvoir enfin s'estomper et laisser place à une peau toute neuve et douce. J'ai su que d'autres femmes ont eu à souffrir de par les manipulations de ce pervers. Une pensée pour elles qui, si comme moi ont su, on put se libérer de leur chagrin, je leur souhaitais de tout mon coeur.

Il me fallait prendre l'air avant manger. La matinée avait défilée si vite qu'arrivé 11h30, je n'avais même pas pris une bouffée dehors. J'enfourchais mon vélo en direction du centre, il me manquait un peu de pain frais et des huitres, une salade et des fruits, pommes, clémentines et orange. J'avais acheté tout le reste la veille, à l'hyper et en quantité suffisante pour ne pas y retourner d'un moment. J'avais horreur des grandes surfaces. Je faisais la plupart de mes courses dans les petits magasins d'alimentation du centre ville de Chambery. Il y avait tout ce qu'il fallait en produits et nourriture pour ne pas avoir à courir jusqu'à Chamnord. Etant seule, mes besoins étaient largement satisfaits sans sortir du centre.
C'était plaisant de retrouver l'ambiance d'un village même si Gujan s'était développer de façon importante et que même hors saison, la population avait augmenté de façon exponentiel. Cette petite ville-village avait su garder une certaine authenticité si on ne s'éloignait pas du coeur. En effet, les alentours avaient vu un développement tentaculaire, entre la rocade et la nouvelle déviation. Le centre commerciale de la Teste n'avait rien à envier à celui d'un de Bordeaux ou d'un Chamnord. Le centre aquatique et les villages vacances en bordure de la rocade dataient mais toutes les infrastructures qu'il avait fallu développer pour satisfaire la demande touristique sans cesse plus importante avait pas mal dénaturé certains lieux. En été, même emprunter la piste cyclable, finissait par devenir désagréable. Les bouchons interminables, le bruit, la pollution, se garer et j'en passe, étaient tout autant de désagréments qui avait fait pour moi la saison à éviter. En m'installant définitivement, il allait falloir que je supporte ces deux gros mois chargé, juillet et aout, la France partait en vacances.
L'autre solution pouvait être aussi que je fuis le Bassin et que j'aille jouer la touriste ailleurs. Il y avait des tas d'endroits que je n'avais jamais visité mais seule, je n'étais pas enthousiaste pour m'offrir des vacances hormis Gujan. J'avais fait quelques séjours dans la capitale mais j'avais surtout quelques voyages à l'étranger inscrit sur mon passeport. Étrangement, j'étais plus emprunte à partir loin seule que dans mon propre pays.
Je n'avais vécu en couple qu'une seule fois, une paire d'années à l'âge de 24 ans et très vite je n'avais pas du tout apprécié cette promiscuité. Je n'avais aucun désir d'enfant non plus et vivre avec quelqu'un n'avait fait que renforcer mon désir d'indépendance. Il m'était inconcevable de partager mon univers à temps complet. La vie à deux telle que je l'imaginais n'avait pas la faveur des hommes. Mon idéal était " chacun chez soi, notre relation sera plus saine ", mais le modèle familiale et les conventions sociales étaient encore loin de cette pratique du couple " vivons ensemble séparés ". Et je n'avais pas eu l'occasion de tomber amoureuse de celui qui pouvait partager ma conception de la vie à deux à long terme. J'ai eu des relations plus ou moins longues, chacune m'ont apporté. L'homme parfait n'existait pas, c'était une certitude et je ne le cherchais nullement. Dès l'instant où je posais les bases de mes conditions, derrière se construisait ou pas une histoire, ainsi il n'y avait ni surprise ni ambiguité. J'étais à prendre ou à laisser, une phrase qui me résumait bien.
En fait, je crois que ma crainte venait tout simplement de la peur d'être prisonnière émotionnellement et de ne pas être maitre de mes sentiments. Que l'amour prenne le contrôle et que l'esprit laisse la place au coeur pour diriger ma vie. Je ne me considérais pas plus féministe que ça. Je me voyais plutôt en femme libre, j'aimais mieux ce terme de liberté que celui de militante féministe qui apportait à la définition le mot combat. J'étais pacifiste et libre , dans la peau d'une femme et j'étais en harmonie avec moi-même.
Mes parents avaient su me donner la confiance nécessaire à mon épanouissement . Je leur devais ce que j'étais. Ma reconnaissance à jamais aux deux seuls être pour qui mon amour profond s'est posé en mon être dans l'éternité.

De retour, je me préparais un copieux repas. Les huitres en entrée, puis un sole accompagnée d'un peu de riz sauvage et une poêlée de légumes croquants. J'aimais cuisiner, même seule. Chez moi à Chambéry, j'invitais régulièrement mes amis. Je me faisais un plaisir de leur créer de nouvelles recettes, sans oublier quand même que c'était la région de la fondue et de la raclette et qu'en hiver il était réconfortant de s'offrir des soirées autour d'un de ces deux plats très conviviaux.
Ici je pensais plutôt à faire des cures d'huitres et de poissons.
Les huitres, je les dégustais souvent en fin de matinée, quand je venais au beaux jours. Je prenais mon vélo et j'allais jusqu'au port de la hume, parfois même jusqu'à la Teste, il y avait l'embarras du choix pour les cabanes de dégustation.
À la Hume je mangeais aussi régulièrement "'chez Marie " , une belle adresse. je réservais une place sur le mange-debout qui faisait fasse au petit port à l'abris derrière une baie vitrée. En étant seule, c'était parfait. Je n'avais aucun vis à vis avec le reste des clients et même si des personnes venaient à être placés à ma droite ou gauche, il n'y avait aucune gène. Ce n'était souvent que des couples ou des personnes seules comme moi.
L'huitre du Bassin avait un goût prononcée de noisette, je l'aimais surtout en numéro 2. J'avais été quelques fois l'ami Bernard, ostréiculteur sur Gujan et ami de mon père, sur les parcs, travailler avec lui pour m'imprégner et comprendre l'amour que ces hommes et femmes avaient de leur travail. Cultiver l'huitre était un travail laborieux et difficile. La marée rythmait les sorties en mer. Il fallait être en marée basse sur le parc, ensuite aller très vite pendant que l'eau remontait. Pas de temps mort, le repos se ferait sur le retour, avant de poursuivre à la cabane, le travail. Souvent couplé à la vente en direct, la cabane vivait ainsi avec la participation de toute la famille.
Manger ce fruit de la mer, à peine sorti de sa nasse, en regardant la dune, sont là des moments privilégiés.



15/11/2017
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